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L’exploitation en carrière de gypse du massif de la Plâtrière (commune de Lazer - 05) par la société Placoplatre a été l’occasion de réaliser une opération préventive au printemps 2008 sur le site médiéval du castrum de Lazer. Cet habitat s’est développé au pied du château de Lazer (non concerné par l’opération), sur le versant sud du massif, entre le XIe siècle et le milieu du XIVe siècle, avant d’être progressivement déserté. Partiellement dégagé dans les années 1990 par Isabelle Ganet (AFAN), dans le cadre d’un premier projet de carrière, l’opération de 2008 réalisée par une équipe pluridisciplinaire de dix-huit personnes, placée sous la responsabilité scientifique de Mathilde Tissot (Arkemine), a permis d’éclairer d’un jour nouveau un habitat fortifié qui se distingue des autres par ses constructions en moellons de gypse liés avec du mortier de plâtre.
Près d’une centaine de pièces pour quarante-cinq bâtiments environ ont été mis au jour, auxquels s’ajoutent près de cent cinquante silos, répartis en plusieurs aires d’ensilages, les vestiges de deux fours, une dizaine d’aires de travail du plâtre et du mortier, une citerne et quatre petits fronts de carrière ou bâtiments inachevés (?).
Trois phases d’occupation médiévale et la confirmation d’une occupation beaucoup plus ancienne ont pu être mises en évidence grâce notamment à l’étude du mobilier et à la réalisation d’une douzaine de datations radiocarbones. Bien avant l’installation du castrum, le massif de la Plâtrière a vraisemblablement abrité un oppidum, une occupation attestée par la présence récurrente d’un matériel céramique des premier et second Âges du Fer et par la datation radiocarbone d’un niveau rubéfié des IVe ou IIIe siècles avant notre ère. L’occupation médiévale débute dès le premier quart du XIe siècle au moins mais est encore très limitée. Elle se poursuit dans le courant du XIIe siècle et au début du siècle suivant avec la construction, très certainement, des premiers bâtiments en dur et la présence de plusieurs aires d’ensilages. L’occupation la mieux représentée reste celle de la fin du XIIIe siècle et du XIVe siècle, avec du mobilier en conséquence, prélevé dans la majorité des niveaux archéologiques enregistrés. Le village atteint son extension maximale dans la seconde moitié du XIVe siècle. La densité de la trame urbaine laisse alors peu de place aux ruelles et passages entre les maisons, alignées les unes contre les autres sur cinq à six niveaux de terrasses orientées est-ouest. Les maisons se développent en hauteur sur deux niveaux. L’accès à l’étage se fait au nord, par la terrasse supérieure, l’accès au rez-de-chaussée au sud, par la terrasse inférieure. Plusieurs maisons sont pourvues de pièces semi-enterrées accessibles depuis l’intérieur et utilisées comme espace de stockage, avec la présence de silos creusés dans le sol. Certes, ce sont encore de petites maisons, peu éclairées, pourvues de simples foyers au sol qui permettent de se chauffer, de cuisiner et d’apporter un peu de lumière. La base des murs a été taillée dans le substrat de gypse ou de marnes dolomitiques, les moellons confectionnés avec le gypse extrait sur place et liés avec du plâtre obtenu à partir de ce même gypse. Les murs, les sols et les cuves des silos ont été protégés et égalisés avec des enduits de plâtre. Des planchers hourdés de plâtre et des cloisons en plâtre assuraient les séparations horizontales et verticales. Le plâtre semble avoir été extrait et réservé à un usage local, en l’absence de réels fronts de carrière destinés à une activité artisanale plus importante. Les vestiges postérieurs au XIVe siècle restent anecdotiques. Le village est alors progressivement déserté dans un contexte de crise économique et politique. L’abandon du castrum de Lazer semble s’accomplir dans le premier quart du XVe siècle, au profit du développement de l’habitat en plaine.
Publications :
BONNAMOUR G., TISSOT M., COUTELAS A., MARCONNET C. (2013), Le site médiéval de Lazer ; Du gypse sous le Castrum, Actes de la journée d’étude organisée par Provence Historique, Provence historique, fascicule 251, p. 97-111
TISSOT M. (2013), Lazer, un castrum déserté à la fin du Moyen Âge dans les hautes-Alpes, Au Moyen Âge entre Provence et Dauphiné, archéologie et histoire autour de Lachau en Baronnies, Archéo-Drôme, p.55-64
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